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"Suzanne Valadon, peintre sans concession" de Flore Mongin (2024)
Vidéo numérique
En marge de l’exposition que lui consacre le Centre Pompidou, l’itinéraire romanesque d’une artiste éminemment moderne.
Rien ne la prédestinait à une vie d’artiste. Le destin de cette femme née en 1865 d'une blanchisseuse et d’un père inconnu, mère à 18 ans (du futur peintre Maurice Utrillo), aurait pu être tout tracé. Mais son histoire est un défi à la fatalité : celle d’une femme qui s’est affranchie des conventions, de son genre et de son milieu social, guidée par sa vocation de créatrice. Modèle dès l'âge de 15 ans, elle pose pour Renoir ou Toulouse-Lautrec. Erik Satie en tombe amoureux, mais la passion qui habite Suzanne Valadon est d’abord celle de son art : le dessin, la gravure, la peinture. À une époque où les femmes n’ont pas le droit d’intégrer l’école des Beaux-Arts, elle se forme en autodidacte, en observant les peintres pour lesquels elle pose. Cette surdouée à la volonté de fer voit bientôt son travail reconnu par Edgar Degas, qui deviendra son plus fervent collectionneur. Tout en veillant à ne s’attacher à aucun courant artistique, elle s’extrait des limites assignées aux femmes artistes. Première femme à peindre un homme nu de face ou à s’attaquer à de grands formats, Suzanne Valadon n’a eu peur ni des défis ni des scandales : dans son art comme dans sa vie, elle fut sans concession. Au fil des années, avec 450 toiles à son actif, elle devient célèbre en France et se fait également un nom sur la scène artistique internationale, jusqu’à sa mort en 1938.
Incroyable modernité
Tissé d’archives de la Belle Époque, de séquences en animation et d’entretiens, notamment avec Nathalie Ernoult, attachée de conservation au Musée national d’art moderne de Paris, ce portrait documentaire retrace l’itinéraire romanesque d’une artiste dont la vie, d’une incroyable modernité, a été parsemée de rencontres et d’amitiés avec les plus grands artistes de son temps. "Elle est finie mon œuvre, écrivit-elle, et la seule satisfaction qu’elle me procure est de n’avoir jamais trahi ni abdiqué rien de tout ce à quoi j’ai cru. Vous le verrez peut-être si un jour quelqu’un se soucie jamais de me rendre justice". C’est enfin fait.