"Kate Winslet, résolument actrice" de Claire Duguet (2023)

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Confrontée dès son plus jeune âge au diktat de la minceur, Kate Winslet dessine un parcours à sa façon, en choisissant d'incarner des femmes authentiques, à la psyché complexe et au corps réaliste, montrant une résolution sans faille dans ses choix d'interprétation.

"Quand j’avais 14 ans, un prof de théâtre m’a dit que je m’en sortirais si je me contentais des rôles de filles grosses. Regardez où j’en suis aujourd’hui !", dit-elle, pimpante, en brandissant un Bafta Award, avec un mélange d’autodérision et d’aplomb qui n’appartient qu’à elle. Élevée dans une famille anglaise modeste passionnée par le théâtre, Kate Winslet s'est confrontée dès l’adolescence au métier d’actrice, et aux rebuffades sexistes qui vont avec. À 20 ans, elle décroche au culot l’un des rôles principaux de Raison et sentiments, d’Ang Lee. Son teint de porcelaine et sa fougue font merveille dans l'univers romantique de Jane Austen, où elle doit pourtant donner la réplique à des acteurs chevronnés qui l’intimident. Quelques adaptations plus tard, elle file à Hollywood pour éviter d’être cataloguée, elle qui a hérité du surnom de “Kate Corset”. Propulsée star planétaire à 22 ans grâce au succès de Titanic, Kate Winslet n’est pas préparée au raz-de-marée qui l’attend : les paparazzis collants et la chronique incessante de ses variations de poids. "Je fais le yoyo comme tout le monde", finit-elle par rétorquer à une spectatrice, lors d’un talk-show. La vague #MeToo n’a pas encore déferlé, et Kate Winslet défend sa condition de femme en solitaire. Mais elle refuse d’être cantonnée aux comédies romantiques et aux régimes, et choisit des rôles de personnages complexes : la jeune femme en quête de liberté de Holy Smoke de Jane Campion, la femme au foyer désespérée des Noces rebelles de Sam Mendes ou encore Hanna, l’ex-matonne SS illettrée de The Reader de Stephen Daldry, performance qui lui vaut l’Oscar.

Tout feu tout flamme
Tout au long de sa trajectoire, cette beauté anglaise a bataillé pour montrer son corps tel qu’il était. En 2003, la star attaque le magazine GQ, qui, en couverture, l’a amincie sans son accord. Assumant ses rides et ses kilos, osant à l’écran le nu frontal et le legging moulant, Kate Winslet dénonce régulièrement l’abus des retouches photo et des éclairages flatteurs, et à travers eux, la pression qui s’exerce sur les femmes, censées se conformer à des modèles idéalisés. Serti d’extraits de films et d’archives tout feu tout flamme de ses apparitions publiques, ce portrait retrace la carrière d’une fonceuse qui a su en garder les manettes, mettant l’accent sur ses prises de position féministes, la subtilité de son jeu et son abattage impressionnant.

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