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Les Heures étoilées de l'humanité
Livre numérique
Edité par Bibliothèque numérique romande - Association les Bourlapapey
        Les neuf miniatures historiques sélectionnées pour cette première édition française des Heures étoilées (il y en eut quatorze en tout) furent composées entre 1927 et 1939, soit durant la période la plus menaçante de l’entre-deux-guerres. En neuf « moments décisifs de l’humanité » allant de la chute de Byzance en mai 1453 à la conquête de l’Antarctique en janvier 1912, Stefan Zweig déploie une vision kaléidoscopique de l’Histoire qu’il interroge dans ses continuités et ses fractures afin d’y trouver des réponses aux questions qui taraudent son époque. Sa relation à la situation politique de son temps est cependant énigmatique, voire contradictoire. À la différence d’un Thomas Mann ou d’un Joseph Roth, Zweig, qui suit avec inquiétude la montée des fascismes, demeure un pacifiste convaincu préférant rester « au-dessus de la mêlée » (comme le disait Romain Rolland). Sûr que l’Histoire détient les clés du présent, il se tourne vers le passé pour y puiser des leçons et y trouver des sources d’inspiration. Ainsi, ces événements disparates prennent une valeur d’avertissement. En revanche, « La résurrection de George Frédéric Haendel », qui relate les circonstances quasi miraculeuses de la composition du Messie en 1741, « Le génie d’une nuit », qui détaille de façon pittoresque comment La Marseillaise vint à Rouget de Lisle en 1792, « L’Élégie de Marienbad, 5 septembre 1823 », qui évoque avec tendresse l’ultime sursaut poétique d’un Goethe amoureux mais vieillissant, mais aussi l’épisode où Dostoïevski réchappe de justesse à son exécution décembre 1849 ainsi que l’expédition malheureuse mais héroïque du capitaine Scott au pôle Sud en janvier 1912 sont autant d’épiphanies qui s’offrent comme des moments de grâce et d’espoir face à l’adversité. Si Zweig a toujours eu le culte des héros, tel n’est pas le cas des Heures étoilées qui mettent en scène des hommes obscurs aussi bien qu’illustres. Mais Zweig n’est pas historien et c’est donc naturellement en écrivain sachant plaire à son nombreux public qu’il aborde l’Histoire. Avec son talent de conteur, sa verve coutumière, sa finesse psychologique, son lyrisme, son souffle épique et ses accents pathétiques allant parfois jusqu’à l’exaltation, Zweig sait mieux que personne donner vie à ses personnages, leur forger une intériorité complexe, pleine de passions et de contradictions.
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